Comment organiser la société de la prochaine ère?

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Dans la société actuelle, nous vivons souvent de façon automatique, on naît, on apprend à l’école, on travail, et on sort du système. Au-delà du fait que ce système ne fonctionne plus depuis qu’il n’y a plus de travail pour tout le monde, organiser la société de façon différente devient indispensable, pour répondre aux aspirations des humains qui ont besoin de trouver du sens dans ce qu’ils font, et ne pas vivre de façon automatique.

J’ai assisté à ce débat organisé par le forum Changer d’ère intitulé « le manager augmenté », et dont les discussions étaient autour de « Nouvelle société de l’emploi, nouvelles stratégies d’entreprises ». En voici un résumé avec mon interprétation : n’hésitez pas à commenter !

La vidéo complète des débats est disponible ici

Il est de plus en plus difficile de manager dans notre monde complexe

Les qualités du manager augmenté

La complexité du monde oblige à ré organiser la société, les managers des petites et grandes entreprises ont un rôle à jouer. Les qualités pour être manager dans notre monde complexe sont multiples: selon Joel de Rosnay (@derosnayjoel)  , le manager augmenté doit posséder les 5 qualités suivantes:

  • Charisme, impulser l’envie d’être suivi
  • Vision, avoir une vision large de l’activité qu’il a en charge
  • Valeurs: respect diversité, enthousiasme, empathie, altruisme, générosité, partage, éthique
  • Écoute, avoir une capacité d’empathie pour écouter ses collaborateurs
  • Confiance: inspirer confiance, et avoir confiance en soi

Qualités-manager-leader-Avenir-CoherenceL’écoute reste la qualité qui semble faire le plus défaut aux managers actuels: il faut réapprendre à écouter les collaborateurs et les clients, mais également être à l’écoute de l’évolution technologique.

Ne dit-on pas qu’on a 2 oreilles et 1 bouche… Parce qu’on a deux fois plus besoin d’écouter ?

D’autre part , la qualité fondamentale d’un manager est d’avoir envie de changer le monde pour être motivé.

La qualité fondamentale d’un manager est d’avoir envie de changer le monde.

Les savoir-faire du manager augmenté

A ces 5 qualités, il faut ajouter 2 savoir-faire nouveaux selon Dominique Turcq (@dorcq):

  • La curation: trier les informations de façon pertinente pour ne pas être débordé et pouvoir gérer son temps et celui des autres
  • High Touch / Low Touch : repenser sa relation aux autres, savoir identifier le besoin de relation physique ou si la relation à distance (téléphone, email, …) est suffisante.

Le leadership partagé pour répondre à la complexité

Manager dans notre monde complexe est devenu très difficile, presque inhumain, @carolinehaquet introduit la notion de leadership partagé qui est nécessaire dans beaucoup de cas: il faut abandonner l’idée du manager providentiel qui donne de faux espoirs.leadership-partagé-Avenir-Coherence

Remettre en cause l’organisation hiérarchique

Le pessimisme anthropologique qui contraint l’Humain
Structure-hierarchique-Avenir-Coherence

@dnafilippova, à travers le livre « société collaborative« , co-ecrit par des membres de oui-share dénonce entre autres hiérarchie, discipline, reporting, verticalité : autant de choses qui nous rendent malheureux et appelle donc à la fin des hiérarchies. Organiser la société sans hiérarchie, par une confiance plus importante dans l’humain lui permettrait de s’épanouir davantage. On a du mal à sortir de ce modèle de compétition qui nous a été inculqué depuis le plus jeune âge. Ce modèle hiérarchique semble trouver sa justification dans ce que  @dnafilippova appelle le pessimisme anthropologique, c’est-à-dire l’idée ancrée que l’Humain est fondamentalement fainéant, et que s’il n’est pas contraint, il ne fait rien.

Le pessimisme anthropologique est l’idée ancrée que l’Humain est fondamentalement fainéant, et que s’il n’est pas contraint, il ne fait rien.

Sortir de la contrainte d’un contrat de travail esclavagiste

La pire des contraintes hiérarchiques n’est-elle pas le contrat de travail avec son lien de subordination qui considère chez l’humain qu’il y a des supérieurs, et des inférieurs qui doivent faire ce qu’on leur demande de faire. C’est probablement cet aspect qui est, de nos jours, le plus difficile à vivre pour chacun.

La pire des contraintes hiérarchiques est le contrat de travail avec son lien de subordination

Comment remettre en cause le CDI sacro-saint principe de salariat ? Les nouvelles générations n’y ont plus droit! @dnafilippova nous explique que ceux de sa génération sont plus lucides, et donc pessimistes sur le système actuel. Et surtout, ils ont été déçus en s’apercevant que le système qui promet un avenir tracé aux diplômés n’existe plus. Le point de non-retour a été franchi, ils ne veulent plus croire à l’ancien système: il faut en bâtir un nouveau.

La recherche d’organisations respectueuses de la nature humaine

organisation-respectueuse-nature-humaine-Avenir-Coherence@dnafilippova espère donc un effondrement du salariat qui permettrait de repartir sur de nouvelles bases, et de trouver des organisations plus respectueuses de la nature humaine. Il n’est bien entendu pas facile de changer les organisations, c’est une vision un peu idéaliste, mais il faut se fixer des buts idéalistes pour faire progresser les choses.

@carolinehaquet, en tant que DRH d’un grand groupe, ressent bien que sous l’impulsion des nouvelles générations, il y a besoin de créer de nouveaux modèles, et d’inventer de nouveaux codes. Notamment, il y a un refus du manager leader pour la génération Y, et davantage besoin d’un manager coach et bienveillant.

davantage besoin d’un manager coach pour les nouvelles générations

@dnafilippova reconnaît qu’il est difficile d’organiser les activités à Ouishare, même avec des personnes qui ont une volonté collaborative évidente. Une idée avancée est de créer un espace de dialogue dans lequel les conflits peuvent s’exprimer dans l’entreprise. La recherche d’organisations respectueuses de la nature humaine chez Ouishare est une activité permanente.

Tout le monde est maintenant capable de se former avec la coéducation, comme les MOOC: tout le savoir et la connaissance sont disponibles. Chacun peut donc prendre son destin en main.

Autonomisation et Responsabilisation

Pourquoi devrait-on avoir besoin d’un manager, chacun n’est-il pas capable de se manager lui-même?

On entend qu’il n’est pas possible de supprimer les managers dans les grandes entreprises, que parvenir à changer des grosses organisations est d’une difficulté immense…mais pourquoi aurait-on toujours besoins de grandes entreprises ?

Pourquoi aurait-on toujours besoins de grandes entreprises ?

Le besoin de sens

independance-autonomie-Avenir-CoherenceAux États-Unis, déjà 40% des travailleurs sont des indépendants, et ce pourcentage progresse. En Europe, la même tendance commence à être observée.  Les indépendants sont beaucoup plus motivés par leur travail, tout simplement, parce que c’est eux qu’ils l’ont choisi! L’intermittence peut permettre de donner plus de sens à sa vie par son travail.

Créer sa propre société reste difficile, car on est très seul: les gens ont besoin d’indépendance, mais la force d’un groupe peut aider les intrapreneurs. Il y a un besoin de fraternité pour mener à bien des projets en commun. C’est aussi cela, travailler en collaboration, qui donne du sens

Organiser la société autour de travailleurs indépendants pose quelques questions…

Comment manager les indépendants?

Des plateformes web ou applications mobiles dites collaboratives ont pris en charge de mettre en relation des recruteurs de petits travaux avec ceux qui souhaitent les réaliser. Par exemple, les plateformes Elance et Fiverr permettent à des indépendants de proposer des travaux de réalisations informatiques.

Pour plus de détails, lire également: Travail collaboratif 2.0

On peut donc tout à fait imaginer des petites structures, et non des grandes entreprises qui pourraient manager des indépendants qui feraient un travail à la tâche.

Ces plateformes internet « collaboratives » d’intermédiation telles qu’elles existent ne sont pas satisfaisantes, car elles engendrent de la précarité. Le débat concernant Uber, au-delà de la peur de changement qu’il a engendré, a bien montré que ce modèle de travailleurs indépendants n’était pas encore au point.

Nécessité de modifier le système de protection sociale

Il faut créer une représentation sociale des free-lances et autres travailleurs non salariés.  Les politiques doivent s’approprier la question, et trouver des solutions concrètes. Des initiatives sont déjà en cours et demandent à être poursuivies. (Articles à lire concernant l’initiative d’un député)

Le futur du salarié c’est l’indépendance, mais il y a nécessité de protection sociale et d’un minimum garanti.

Déterminer le but de notre existence et suivre ce but

Organiser la société autour du travail, et notamment le salariat ne fait plus rêver les nouvelles générations. Mais finalement, même ceux qui sont bien au chaud dans leur CDI ne sont pas forcément heureux non plus, ils sont souvent dans une zone de confort qu’ils n’ont pas forcément choisi: ils ont bien souvent suivi le chemin automatique que leur a imposé la société depuis l’école.

Le but de la vie selon Aristote est le Bonheur

Au 4è siècle av. J.-C, le philosophe Aristote avec le concept d’Eudémonisme, nous disait déjà que le but de la vie, c’est de s’épanouir par le bonheur. Selon Aristote, l’eudémonisme était le seul but potentiel de la vie puisqu’il peut être considéré comme une fin en soi plutôt que comme un moyen d’accéder à autre chose (comme l’argent par exemple qui est un but intermédiaire qui permet d’obtenir autre chose).

Recherche-du-bonheur

Aristote nous dit également quelque chose de très important: l’Humain a un but spécifique en plus des autres formes vivantes comme les végétaux dont le but est la croissance et la reproduction (Vie végétative); et les animaux auxquels s’ajoute le but de la satisfaction de ses sens, avoir chaud, manger des aliments qui ont bons goûts, … (Vie sensitive).

Le but spécifique de nous, Humains, est de pouvoir choisir notre vie et déterminer le but de notre existence et de suivre ce but (vie rationnelle) c’est à dire trouver notre voie en accord avec nous-mêmes. C’est ainsi que nous trouverons le bonheur selon Aristote.

Aristote-Ethique-à-Nicomaque-qu'est-ce-que-le-bien-spécificité-humaine

Ainsi, si nous souhaitons vivre heureux, nous devons trouver ce but et le suivre. Nous ne pouvons donc pas être heureux en suivant une voie que la société aurait choisie pour nous.

Repenser l’éducation

Le « pessimisme anthropologique » dont parle @dnafilippova dans le livre « société collaborative » provient donc probablement du fait que l’on a besoin de contraindre l’humain pour faire des choses qu’il n’a pas choisies.

Les humains sont fainéant pour faire des choses qu’ils n’ont pas choisies.

Pour créer une « nouvelle société de l’emploi » qui soit respectueuse de la nature humaine, il faut permettre à chacun de déterminer le but de sa vie. C’est donc dès l’école qu’il faut offrir une éducation qui permette à chacun de déterminer ce qu’il aime faire selon son tempérament et ses motivations. Il faut enseigner à l’école le savoir être, l’autonomie et la responsabilisation dès le plus jeune âge. Il faut donc éviter de forcer les enfants à faire et apprendre des choses. En faisant le pari d’un optimisme anthropologique, les enfants ont une curiosité naturelle qui les amènera à faire des choses sans contrainte, et ainsi découvrir ce qu’ils aiment faire.

Il faut enseigner à l’école le savoir être, l’autonomie et la responsabilisation

Ce type d’éducation sans contrainte permettra ainsi aux enfants devenus grands d’agir en toute autonomie et de façon responsable.

Une nouvelle organisation de la société

Ceux qui ont fait le choix de travailler de façon indépendante ont redécouvert le but de la vie énoncé par Aristote il y a plus de 2000 ans: Déterminer le but de notre existence et suivre ce but.

Ainsi, dans une société dont les membres sont capables d’autonomie et de responsabilisation, et de déterminer leurs choix de vie sans contraintes. Avec ces « capacités augmentés », chacun aura la maturité d’organiser sa vie comme une petite entreprise et de la manager.

Le manager augmenté, ce sera alors l’humain augmenté, car tout le monde sera capable de se manager lui même en bonne intelligence avec les autres. Dans cette société, il n’y a plus d’entreprise au sens où on l’entend actuellement avec un contrat de travail, des managers et des collaborateurs. Il n’y a plus que des travailleurs indépendants, autonomes et responsables qui construisent des projets communs en accord avec leurs buts de vie.

Organiser la société ainsi peut paraître utopique, et bien évidemment, ça ne se fera pas en quelques jours, ou en quelques années. Mais il faut bien définir un but et une vision pour parvenir à s’en rapprocher petit à petit. Essayons de devenir des :

Humains Augmentés

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