Ne cherchez pas à être heureux au travail!

Ne cherchez pas le bonheur au travail

C’est dans l’air du temps, on entend partout, cherchez un travail que vous aimez, ou faites de votre passion un travail…

Non, ne cherchez pas à être heureux au travail! Le travail sert à gagner de l’argent, c’est un moyen pour obtenir ce que l’on souhaite dans la vie, mais le travail n’est pas une fin en soi.

Ce que j’ai compris après avoir cherché depuis un moment un travail que j’aime, c’est qu’il est vain de chercher à être heureux  au travail, ou de croire que l’on a une vocation. Travailler est une contrainte. C’est pourquoi les entreprises qui créent de la richesse avec votre travail, vous indemnisent avec une partie de la richesse créée. Si votre travail n’était pas une contrainte, vous n’auriez pas besoin de recevoir de l’argent pour cela.

Cela n’empêche pas de rajouter un peu de plaisir dans son travail pour alléger la contrainte

C’est d’ailleurs la difficulté des entreprises, grandes ou petites: verser un salaire ne suffit pas à motiver ou à garder ses employés. Et il est important, pour les entreprises, de mettre en place des conditions pour que leurs employés soient heureux.

Ne cherchez pas à être heureux au travail, mais créez les conditions pour alléger les contraintes que le travail représente!

Note: il y a un an et demi, j’écrivai l’article Comment augmenter votre bonheur au travail que vous pouvez lire ici, et dont le message était plutôt cherchez un travail passion. D’après mon expérience, je ne pense plus que ce soit forcément une bonne idée. Cependant je vous encourage à lire cet article très riche en réflexion sur notamment, la façon dont on considère son travail, et les tendances du travail dans le futur.

Pourquoi travaille-t’on?

Certains ont voulu faire passer le travail pour une valeur morale: travailler serait fondamental, et pourrait faire parti des buts de la vie. Non, le travail n’est pas une fin en soi, et personne ne cherche de travail pour le travail. D’ailleurs, si vous aviez le choix, iriez-vous travailler? Si vous aviez autant d’argent que vous souhaitez, iriez vous travailler? la réponse est probablement non!
Pour les individus, le travail n’est pas un but en lui même, mais un moyen d’obtenir le but fondamental de tout être humain qui est le bonheur.

On entend alors que pour que le travail ne soit pas une contrainte, il faut transformer sa passion en travail ! Effectivement, si votre passion est votre travail, vous aimez votre travail, vous êtes motivé, et allez passer du temps dans votre travail, vous aurez donc du succès et serez heureux. C’est inspirant, sauf que c’est difficile, parce que lorsque vous demandez à des personnes quelle est leur passion, la plupart vont répondre par un sport, ou une activité artistique. Le problème c’est que seulement 3% des emplois sont dans les secteurs du sport ou de l’art!

D’autre part, même si vous avez fait de votre passion un travail, le travail reste un moyen pour vivre votre passion. Le travail n’est pas une fin en soi, mais bien un moyen pour vivre votre but qui est votre passion.

Que ce soit pour les entreprises, comme pour les individus, le travail n’est pas une fin en soi, mais le moyen d’obtenir de la richesse

Les entreprises non plus ne cherchent pas le travail: le but de la majorité des entreprises n’est pas de créer des emplois, mais de la richesse. Le travail n’étant qu’un moyen d’obtenir cette richesse.

Le plus souvent, nous travaillons pour obtenir de l’argent. Travailler pour avoir de l’argent fait sens, pour élever sa famille, ou pour l’amour de soi, par exemple.

Comment ne pas être heureux au travail?

Un peu de philosophie: Platon nous dit que pour être heureux, nous devons satisfaire nos désirs. Et que désirons nous? par définition, nous désirons ce que nous n’avons pas, ou ce que nous ne sommes pas. Autrement dit, nous désirons ce qui nous manque.

Le paradoxe de Platon, est que si nous obtenons ce qui nous manque, alors nous ne le désirons plus puisque nous l’avons. Ainsi, nous ne pouvons jamais être heureux. Car pour être heureux, il faudrait  obtenir l’objet de notre désir, sans le posséder.

Mais quel rapport avec le travail?

  • Supposons que vous n’ayez pas de travail, et que vous en recherchiez un!, (vous êtes chômeur).
    Travailler vous manque, et donc vous désirez obtenir un travail. Tant que vous n’en n’obtenez pas, cela vous manque, et donc vous fait souffrir. vous n’êtes pas heureux
  • Le jour où vous obtenez du travail, vous devenez heureux, puisque vous avez obtenu ce que vous désiriez. Pourtant, disons 6 mois plus tard, vous avez tellement de travail que vous n’en désirez plus. Comme vous ne désirez plus de travail, vous ne l’aimez plus, et donc n’êtes pas heureux.

Le philosophe pessimiste Schopenhauer a poursuivi la philosophie de Platon en affirmant que « toute notre vie oscille comme un pendule de droite à gauche de la souffrance à l’ennui »

« toute notre vie oscille comme un pendule de droite à gauche de la souffrance à l’ennui », Schopenhauer

Ainsi, selon cette philosophie pessimiste, soit vous souffrez de ne pas avoir de travail, soit vous vous ennuyez d’en avoir un: ce n’est pas très gai.

Il est possible de se retrouver facilement dans cette insatisfaction chronique. Cependant, c’est un choix de vouloir suivre une philosophie pessimiste. Il y a bien entendu d’autres choix…

Comment être heureux au travail?

Un autre philosophe, Spinoza nous dit que l’amour est désir, et que le désir est puissance, et apporte la joie. Si on reprend le raisonnement précédent sur le désir de travail avec cette nouvelle philosophie, cela donne:

  • Au départ vous désirez un travail, (pas pour le travail lui-même, mais pour l’argent qu’il vous rapporte bien sûr).
  • Lorsque vous obtenez votre travail tant désiré, ne vous dites pas: « j’ai obtenu ce que je désirais », (et donc que pour être heureux, vous devez satisfaire un autre désir).
  • Non, vous vivez l’instant présent, en vous efforçant de voir les aspects positifs, et en créant le maximum de conditions pour ajouter du plaisir et du bonheur dans votre travail. Tout ne dépend pas de vous, et il y a des entreprises ou des managers qui sont capable d’aider à créer les bonnes conditions afin que vous ne vous ennuyez pas au travail. Choisissez la bonne entreprise ou le bon manager!

De façon spontanée, on désir ce qui manque. Essayez de désirer un peu moins ce qui manque, mais ce qui est ou ce qu’on fait. Le bonheur, ce n’est pas de ne rien désirer, c’est de désirer ce qui est (dans le présent).

Ne cherchez pas à être heureux au travail, mais créez les conditions pour alléger les contraintes que le travail représente!

Choisissez votre philosophie de vie

Ce qui est rassurant, c’est que vous avez le choix de la façon dont vous souhaitez considérer le monde, et votre travail en particulier.

Un salarié malheureux, est un salarié qui passe de Platon à Schopenhauer:
Il vient travailler tous les matins car il court après quelque chose qui lui manque (pas le travail mais l’argent bien sûr), et au bout d’un moment, il s’ennuie, car il a obtenu son désir, et donc il n’aime plus son travail. Il reste insatisfait car il cherche à satisfaire un autre désir.

Un salarié qui est heureux est un salarié qui passe de Platon de Spinoza:
Il vient travailler parce qu’il manque d’argent, et il aime son travail le plus souvent, grâce aux conditions, et au management.

D’après Andre Comte-Sponville

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